Ximo Puig le super héros

Joaquim Francesc Puig i Ferrer, dit Ximo Puig, et probablement né « Joaquín » à la suite de la "castellanisation" forcée des prénoms à l’époque où sévissait la dictature franquiste. Si la figure du grand homme n’y provoque pas encore de pèlerinages massifs, son lieu de naissance, la petite ville de Morella (province de Castellón de la Plana), la perspective que celle-ci offre du haut de la montagne où elle se trouve perchée, son château ou ses fortifications méritent sans conteste le détour.

C’est à croire que ce village de 2000 âmes abrite en son sein quelques-uns des potins mondains progressistes ou pseudo progressistes, une de ses églises ayant vu il y a quelque temps la vice-maire de Valence (que le petit journal interrogeait en campagne https://lepetitjournal.com/valence/actualites/sandra-gomez-valencia-est-une-ville-qui-me-rend-fiere-253966) convoler en noces avec un morellien.

Un cacique du PSPV aux racines du « Lermisme »

Journaliste de formation n'ayant que très peu exercé la profession, longtemps maire de Morella, directeur de cabinet de l’ancien président de la région (1983-1995) Joan Lerma, puis député régional au parlement valencien, il accède à la direction du Parti socialiste du Pays valencien en 2012, après un échec en 2008 et à la faveur d’un congrès célébré à Alicante qui l’avait vu momentanément s’évanouir. En effet, victime d’une fougue dans le discours bien inhabituelle chez lui et de longues nuits de négociations de postes bureaucratiques il avait brièvement cédé et s’était vu empêcher la chute par des bras amis. Comme un boxeur vainqueur, mais sonné.

Un gros problème de financement

Il avait dû se surprendre lui-même et affiche depuis -et quelques soient ses fonctions- son même ton monocorde accompagné d'une espèce de fermeté inoffensive dans la revendication d’un meilleur financement de la région; la Communauté valencienne se trouvant au fil des années notoirement lésée par le système de répartition des recettes fiscales actuellement en place dans l'État espagnol.

Ses positions politiques

Son manque d'audace dans l'exigence d'un meilleur financement et sa soumission à la monarchie ne rendent que peu crédible sa récente conversation à une fédéralisme espagnol qui permettrait à la Communauté valencienne de s'émanciper.

Affichant une certaine autonomie dans son organisation vis-à-vis de sa hiérarchie fédérale on n'apprécie chez lui que peu de positions tranchées si n’est la répétition de mantras progressistes tels que la revendication de l’éducation publique et d’un accès universel à la santé publique. Lui et sa ministre régionale de la santé se seront pourtant vus passablement débordés durant les premiers mois de COVID en achetant rapidement, n'importe comment et avec moult publicité mensongère des chargements de matériels en provenance de Chine. Ils ont tous deux quelque peu redressé la barre ces derniers temps.

Son apparente bonhomie, son esprit conciliant et son sens du dialogue lui permettent de gouverner la région en compagnie des représentants des partis alliés de Compromís (valencianisme de gauche) et de Podemos, qui conforment, en compagnie des socialistes et pour un second mandat depuis mai 2019, l’exécutif valencien. Lors de son premier mandat Podemos ne lui apporta qu'un soutien parlementaire. 

Suite à la perte de l’Andalousie par le PSOE il jouit d’un statut récemment acquis de leader de la plus peuplée des régions d’Espagne gouvernée par les socialistes. Notons que les élections qui lui auront permis de renouveler son mandat furent les premières du genre, découplées de celles organisées dans d’autres régions. Ceci grâce à la faculté de dissolution des « Corts Valencianes » (le parlement valencien) par le président, prérogative recueillie dans la dernière mouture du statut d’autonomie de la région de 2006 et dont il est le premier à user. Souhaitons qu’au-delà de ce baptême du feu qui met -au moins symboliquement- la Communauté de Valence au niveau des régions espagnoles dites historiques il sache marquer favorablement de son empreinte une région à l’image longtemps ternie et aux finances exsangues suite à la multitude de faits de corruption commis sous les mandats du Parti Populaire (1995-2012). Ce n'est pas complètement gagné, le PSOE de la région de Valence comptant pas mal d'apprentis mafieux parmi ses rangs.

Partisan, comme l’ensemble de l’establishment socialiste, de l’opposante à Pedro Sanchez lors des dernières primaires internes de son parti, la suite ne lui a pas forcément donné raison, même s’il semble s’être fort bien accommodé de la revanche puis des victoires du chef de l’exécutif de l’État espagnol, avec lequel les relations atteignirent par le passé un grand degré de froideur. 

Les lecteurs de la presse people seront heureux d'apprendre qu’après sa séparation il est désormais en couple avec une ministre régionale, la « consellera » valencienne de la justice, certaines gazettes s’étant même permis d’émettre des doutes sur la concomitance ou non des faits. 

Un certain maintien et une assurance de façade rarement mise en défaut lui ont permis de traverser toute une longue vie politique avec des looks tout aussi variés que le sont les compléments capillaires postiches qu'il arbore.

Parmi ses faits d’armes constatons la remise en marche d’une télé régionale à peu près décente. Un canal régional censé promouvoir une langue propre mais qui connut dans la deuxième moitié de sa première vie la manipulation, les dépenses somptuaires et les pistonnages d’« estomagos agradecidos » (les estomacs reconnaissants, qui ne manquent pas non plus dans son propre parti) comme autant de relais médiatiques; puis la déchéance et la fermeture. Le point d’orgue de cette déchéance fut l’objet de longues heures de télévision rocambolesques que j'évoquais ici: https://fredspie.blogspot.com/2021/01/la-mort-de-canal-nou.html. En attendant et quelque soit ton niveau de valencien n’hésite pas à jeter un coup d’œil à sa nouvelle version: https://apuntmedia.es/.

Lui-même peu adepte des punchlines on le retrouve pourtant fréquemment dans les médias nationaux, percevant à l’occasion chez les journalistes la sensation qu’ils n’ont pas là à faire à un excellent « client ». 

Il fut un temps président d’un inter-groupe du « comité européen des régions » (eh oui, tu ne savais pas que ça existait, hein ? Allez, tiens : https://www.vie-publique.fr/fiches/20327-quel-est-le-role-du-comite-des-regions ) consacré à l’automobile, on suppose que de par la présence d’une importante usine Ford aux alentours de València et se veut fervent défenseur du « Corredor Mediterráneo », un couloir ferroviaire digne de ce nom qui longerait la côte et qui n’en finit jamais de voir le jour.

Depuis qu'il est président on le sent sous l'emprise du patronat et on ne compte plus les annonces bancales et désinvoltes de futures installations d'entreprises, qui créeraient des milliers et des milliers d'emplois dans la région et dont nombre ne dépasserons pas le statut de paroles en l'air. Suite aux tensions politiques en Catalogne il est malgré tout vrai que plusieurs sièges de sociétés catalanes se sont installés à Valence.

Si on lui connait peu de liens particuliers avec la francophonie le petit journal faisait état de sa visite en 2017 au lycée français de Valence, un établissement pour lequel il doit sentir une considération au moins à la hauteur d’un déplacement ayant pour objet l’inauguration d’une salle polyvalente 😉 https://lepetitjournal.com/valence/communaute/lycee-francais-de-valence-la-nouvelle-salle-polyvalente-inauguree-56518

Une dernière curiosité, son entrée Wikipedia en français, traduite depuis le catalan, est plus complète que celle en castillan.


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