Musicson (mais vous ne leur dîtes rien, on est bien d'accord ?)


 

Je suis passé pas loin il y a quelques jours à une heure théorique d'ouverture et ils m'avaient bien l'air fermés, leurs locaux ultra décrépis. Définitivement ? À l'époque où je les avais fait bénéficier de mes talents professionnels on trouvait même des cafards dans le bar d'à côté !

Alors eux; une boîte fondée par le patriarche dans les années 70. Certains employés se souvenaient encore des grasses rémunérations perçues au black pour voler des secrets industriels chez les confrères au moment de la fondation. Au moins le paternel pouvait se vanter d'avoir sonorisé plusieurs concerts de quelques vedettes en pattes d'eph' comme Miguel Ríos

Ses deux fils les héritiers par contre, comment dire ? Le paternel avait théoriquement pris sa retraite mais malgré cela, tôt le matin, il était souvent le premier à planter sa bagnole, une Jaguar, devant la porte des locaux qu'il ne prenait quand même pas la peine de faire rénover ni de mettre consciencieusement aux normes. Après tout, nous n'étions pas des industriels de l'agro-alimentaire qui requièrent un minimum d'hygiène. Et puis s'acquitter de la taxe municipale suite à de menus travaux -ils devaient vraiment tenir de l'ordre du nécessaire- très peu pour eux. Au fonctionnaire venu réclamer son paiement, ils lui avaient tout bêtement opposé la menace d'une "régulation de l'emploi" au sein de la société.

La présence pour ainsi dire quotidienne du daron, malgré son goût prononcé pour la navigation et le golf, plus qu'au hasard, devait d'après moi au degré de confiance que ses rejetons lui inspiraient. Il faut dire que ni l'un, gérant qui mettait sérieusement à contribution l'informaticien de la maison avec les réglages des softwares de son bateau, ni son frère, l'ingénieur en charge de l'usine pas plus passionné que ça ni par le son ni par la musique -quand "c'est con" rime avec Musicson- n'en paraissaient toujours parfaitement dignes.

J'en ai vu défiler des orchestres de ceux qui remplissent les salles des fêtes. Bon, en Espagne c'est cool c'est souvent dans la rue. Même si je pense qu'il ne faisait pas toujours bon traîner dans celles où étaient installés les podiums sur lesquels jouaient certains des orchestres qui se fournissaient chez nous au même horaire que celui de leur prestation ;-)

Les handicapés et les prisonniers ? Merci pour eux, comme c'est moins cher, hein. 

Par contre ils étaient plutôt sympa les frangins, je dois bien le reconnaître. Un jour où je m'étais brièvement absenté de mon bureau, j'avais constaté à mon retour que l'occupant du bureau voisin, le gérant, avait dû y passer. Mon écran affichait en effet un document de bloc-note que je n'utiliserais jamais. Dessus était écrit, en caractères bien visibles : "On ne lit pas les journaux pendant les heures de travail". :-) 

Mais pas hyper francs du collier non plus. Je les ai quittés car après avoir été son assistant j'avais remplacé leur directeur d'exportation. S'il est vrai qu'il affichait nettement plus d'années d'expérience que moi au compteur, cela ne les avait pas empêché de me promettre son même salaire. Et finalement non. J'aurais compris qu'ils rabotent quelque peu la quantité mais pas d'autant. Je ne regrette pas, ça m'avait permis d'entamer une brillante carrière à l'export dans le secteur des aires de jeux pour enfants. 

Le comptable, alors lui, il nous arrivait directement de l'époque de la fondation de la maison, les années 70, avec ses chemises dégueulasses caca d'oie à rayures, ses vestons défraîchis couverts de pellicules et ses lunettes mal réparées pleines de de buée. Bon il était plutôt sympa le gros psychorigide; quand il me tendait des liasses de billets avant mes déplacements à l'étranger il me disait: "allez, vas-y, dépense bien, fais-toi plaisir !". Mis à part ses atermoiements avec les logiciels du bateau, l'informaticien éprouvait également parfois le pire des mal à dissimuler la partie souterraine de la compta. 

Ensuite les propriétaires comptaient sur un homme à tout faire en blouse bleue. Lorsque j'évoque un homme à tout faire je pèse mes mots. Ah ils le trimbalaient le pauvre, de service en service au sein de l'usine ou en dehors au volant de la fourgonnette. Un type de Montserrat bien agréable dont je ne me souviens malheureusement pas du nom. Par un été extrêmement chaud où je ne m'alimentais quasiment que d'horchata il me fait remarquer que j'avais maigri: "ah tu es plus mince, ce sont les chaleurs estivales, on se nourrit en plus grande proportion de liquides.". Enfin un gars qui ne réveillait pas ton envie de contredire, dans ce boui-boui.

Au top du top mon voyage à Bombay, je les remercie infiniment; rien que pour ça Musicson mérite la pérennité ! Le logo rétro bien trouvé et les T-shirts aussi, j'en avais ramassé une pelletée et, j'ignore où ils avaient bien pu trouver leurs fournisseurs -parce en plus ce n'était pas à chaque fois les mêmes !- mais chacun d'entre eux trouve encore aujourd'hui sa place sur les épaules de tous ceux qui les revêtons grâce à moi.

Quant à l'ingénieur avec lequel je m'entendais le mieux, mon poto, Víctor, je préfère ne pas en parler, cela lui causerait trop de problèmes ;-) 


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