Mon hommage à Ramón Vilar
Ça fait donc un peu plus d'un an que tu es parti, Ramón Vilar. J’aperçois de-ci de-là sur le net les hommages qui te sont rendu et que tu mérites bien, "vaya si te los mereces", et je me dois d'y rajouter le mien. En français bien sûr, le francophile que tu étais n'en aura reçu que peu dans cette langue et ta figure d'homme politique aux multiples facettes mais aussi celle de l'internationale, aurait su, je l'espère, apprécier. Car au début des années 80 tu occupas quelque temps le poste de chargé de l'international au Bureau National des Jeunesses Socialistes Espagnoles et n'auras de cesse de t’intéresser à la politique internationale, malgré ton relatif manque de diplomatie, notamment pour ce qui concerne les questions ayant trait au Maroc, à son régime, et au conflit du Sahara occidental.
Le jour où nous nous sommes connu
Je ne te connaissais que de vue. Depuis mon arrivée en Espagne j'avais eu à cœur de continuer à militer aux JSE puis au PSOE, comme une continuité de mon engagement aux jeunesses socialistes françaises auxquelles j'avais adhéré à l'age de 15 ans, et je t'avais croisé à l'occasion ou entrevu dans les journaux locaux.
A des élections régionales, plus importantes ici qu'en France, il t’était arrivé un truc peu banal. Tu avais été élu député régional, le dernier élu sur la liste de ton parti pour la circonscription de la province de València. Seulement voilà, ton élection n'avait duré que le temps de quelques mois, avant d’être annulée suite au recours d'un autre parti de gauche puis à un imbroglio juridique qui ne portait que sur quelques dizaines de voix.
C’était lors d'un vol Valence-Paris dans un avion de Vueling où le hasard nous avait fait être très proches l'un de l'autre. Tu te trouvais en compagnie de ta femme et rendais visite à ta fille étudiante en Erasmus. Je n'hésitai pas à t'aborder.
On avait pu discuter longtemps et j'en fus ravi. J'en appris alors plus sur ton passé militant qui t'avait donné l'occasion de rencontrer Manuel Valls, bien avant qu'il ne se renie en épousant les idées de la droite extrême, ou encore sur tes fonctions d’économiste a la confédération hydrographique du Júcar, fleuve qui passe par Alzira, la ville de ma maman. Nous évoquâmes aussi ton élection frustrée au Corts Valencianes ou encore la Fédération des Services Publics de l'UGT du Pays valencien, à laquelle tu appartenais, dont on m'avait dit le plus grand mal à la Gauche Socialiste locale et qu'un mec aussi sympa que toi m'avait permis d'aborder avec des sentiments meilleurs.
Ton soutien a notre section du PS français de València
On se reverrait assez souvent depuis, ayant profité de notre vol conjoint pour échanger nos numéros de téléphone. Tu participeras systématiquement aux activités de notre section, notamment aux belles campagnes de 2012 qui virent l’élection de François Hollande et, pour la première fois, d'un député des français d’Espagne, en plus celui que nous avions soutenu avec notre section PS alors pléthorique, Arnaud Leroy. Celui-ci snobera outrageusement les politiciens locaux lors de ses passages à Valence. Ce n'était pas plus mal lorsque l'on sait ce qu'il est devenu.
En 2014, année que je passai quasiment intégralement en Argentine je t’aperçu depuis là-bas sur des photos assister a une réunion de ce député tellement arriviste qu'il en finit marchiste.
Tu m'inviteras aussi régulièrement a intervenir en tant qu’électeur étranger mais communautaire aux élections locales. J'interviendrai à nouveau sur ce sujet à la fin de cette même année alors que j'étais déjà devenu espagnol de plein droit.
Ton amour de la corrida et du Levante U.D.
J'ai moi-même dans mon enfance, et sous l’influence de mon grand-père maternel, été assez fan de corrida, une passion qui parcourt encore les veines de mon frère, un authentique spécialiste. C'est pourquoi, contrairement a d'autres, ton engouement pour les spectacles taurins, malgré le fait que tu sois un homme de gauche, ne me surprenait pas.
Plus jeune j'étais supporter du Valencia C.F, je ne devins fan du Levante que peu après mon installation à Valence. Le beau-frère de l'ancien président de la région Joan Lerma, lors d'une rencontre en tête-à- tète avec lui ou je pu constater les grandes différences politiques et intellectuelles qui nous séparaient, prétendra que le Levante n'arriva dans ta vie que par hasard. Peu importe, tu en étais devenu un pilier indéfectible. Depuis la naissance de mon fils j’étais enchanté d'assister aux matchs en sa compagnie, en deuxième division, alors, et en payant ma place. C'était génial, même bébé il aimait bien s'installer dans les tribunes du Ciutat de València où il avalait les petits pots que j'avais soigneusement préparé avant de nous y rendre. Tu me proposas ensuite des entrées gratuites que j'acceptais bien volontiers.
Ton empreinte politique à la mairie de València
Tu avais contribué, sous l'autorité de Joan Ribó, a grandement réduire le gros déficit creusé par des années corruption du Parti Populaire de la Communauté valencienne ainsi que par son incurie à l'heure d'encaisser les impôts locaux. Une forme comme une autre de clientélisme. C'est d'ailleurs avec ta proverbiale modestie que tu attribuais ton mérite à de simple ajustements de rentrées fiscales.
Ces gens-là de l'époque de Rita Barberá continuent d’évoquer le populisme d'autres, Ramón ;-)
Et puis dans tout l'arc politique l'unanimité faisait rage, ta camaraderie aidant tu faisais le liant entre les différents groupes politiques et toutes leurs sensibilités.
Ta solidarité suite au kidnapping de mon fils
Eh oui, dès le début, dès les premiers jours après son enlèvement brutal j'eu droit à ton soutien moral, par tes messages écrits, ou oralement lors de nos échanges lorsque nous nous rencontrions. Ce n'était pas le cas de tout le monde, et j'en profite pour mentionner Annik Valldecabres, que tu connaissais aussi, bien évidemment, et dont le soutien fut très important pour moi. Je me permets également de faire part de celui d' Anaïs, que tu appelais familièrement par son second nom de famille, "Menguzzato", tant le premier qu'elle porte est courant. Si Annik est mon amie, Anaïs, qui a également des origines françaises, et qui fut longtemps ma secrétaire générale des jeunesse socialistes de la ville de València, ne l'est pas vraiment. Même si j’espère lui inspirer le même respect que j’éprouve pour elle, une femme assez droite malgré le fait qu'elle n'a vécu quasiment que de la politique depuis lors.
À la suite de notre retour d'Argentine, fin 2014, tu continuais de me proposer des tickets gratuits, mais la passion de mon fils pour le skate avait largement pris le dessus sur son penchant footballistique et nous n'en profitâmes plus.
Voila pour mon témoignage personnel. Je n'ai pas eu besoin des avalanches d’éloges suite a ton décès pour savoir que tu prenais soin des autres plus que tu ne préoccupais de toi-même. Ma pudeur m’empêche de trop m'épancher sur mes sentiments , alors je dirais simplement que mon affection pour toi était grande et que t’appréciais énormément, Ramón, "Ramonet".
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Merci beaucoup.